Recomposed by Max RICHTER - Antonio VIVALDI: The Four Seasons
Daniel Hope, violon, direction
Max Richter, claviers/électronique
Orchestre L'Arte Del Mondo
Rostock, 2013
LE PRINTEMPS
PRINTEMPS, 1ER MOUVEMENT, ALLEGRO
Voici le Printemps, que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zéphyrs, jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, le tonnerre et l’éclair, messagers de l’orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons reprennent leur chant mélodieux.
Ici, Richter choisit de n’utiliser que le contre-chant du violon soliste, évacuant la ritournelle principale du tutti.
Le violon soliste expose obstinément ce matériau devenu principal, auquel répond l’écho du premier violon.
Par ce procédé de répétition, ce mouvement pourtant court génère une énergie particulièrement intense, celui du souffle de la vie, renaissant avec l’arrivée du printemps
Ø Le morceau est court
Ø Formation orchestrale baroque + un synthétiseur avec des sons électroniques divers
Ø On s’approche de la musique minimaliste et répétitive
Ø Richter a sélectionné 7 motifs
Ø Entrée progressive des instruments
Ø Accélération rythmique au début
Ø Crescendo dans la dernière partie du morceau
Ø Final en suspend
Ø Imitation cris et chants d’oiseaux
Ø Ostinato de la basse en tierces
Ø Carrure à 4/4
Ø Suivant les versions enregistrées certains instruments plus fort que d’autres
L'ETE
ÉTÉ, 3ÈME MOUVEMENT, PRESTO
Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies. Le ciel tonne et fulmine et la grêle coupe les têtes des épis et des tiges.
Toute l’énergie de l’orchestre et la virtuosité du violon soliste s’expriment ici, comme chez Vivaldi.
C’est un orage d’été imprévisible et puissant qui éclate alors.
Les cordes graves et le clavecin assurent la partie rythmique de la pluie battante, tandis que les envolées des cordes aiguës matérialisent les ondées que déplacent le vent.
Le violon soliste dans ses descentes mélodiques tourbillonnantes, grinçantes et saccadées, vient même convoquer la grêle.
Ø Richter procède par découpages et collages pour créer une version avec des pans importants de l’œuvre originale.
Ø Enchainement de structures de plusieurs mesures issues de l’œuvre originale
Ø Ces mesures peuvent être jouées telles quelles ou peuvent être modifiées ( harmonie, dynamique…)
Ø Richter utilise le même tempo que l’original
Ø Nombreux ajouts d’accents qui donnent un coté rock à l’œuvre
Ø Comme dans le premier morceau, Richter utilise l’intervalle de tierce dans sa basse
Ø Utilisation du violon solo dans le suraigu. Mélodie expressive et lancinante
Ø Richter modifie la grille harmonique seulement sur une partie du mouvement
Ø L’aspect électronique est absent à part à la fin du mouvement.
Ø Richter conserve la fougue et l’énergie de ce mouvement.
Ø Il y a une harpe dans ce mouvement mais difficilement audible.
Ø Le synthétiseur par contre se fait entendre.
Ø Une nouvelle fois s’identifie l’impression répétitive et minimaliste de la musique.
Pas de nuance agogique, aucun silence (à part de très courts silences dans la partie qui reprend textuellement l’œuvre de Vivaldi)
et continuité dans les doubles-croches
ou les croches comme une sorte de mouvement perpétuel.
« C'est une musique pulsée implacable, qui est une qualité de la musique de danse contemporaine… » Max Richter
Nombreux ajouts d’accents, notamment sur la 4ème croche (mesure à 3/4) qui donne un côté « poprock », et présence d’hémioles à la fin de l’œuvre
qui sont en résonnance de cet aspect rythmique. « …et peut-être que je pensais aussi à la batterie de John Bonham. » Max Richter
L’intervalle de tierce, qui est un des éléments caractéristiques du premier mouvement et qui symbolise le « coucou », est très présent :
la basse descend souvent par tierce, changements harmoniques fonctionnant par descente de tierces, la mélodie en arpège montant d’une tierce,
la mélodie expressive de la fin du mouvement fait inlassablement entendre une tierce ( sol - sib ).
Récurrence de quatre structures harmoniques, très proches les unes des autres et sonnant très « pop music »
notamment grâce à l’accord de Dsus4 (non résolu d’ailleurs), d’où la notation moderne en accords anglo-saxons dans une grille.
On remarquera aussi la différence d’une tierce pour les 3 premiers accords
L'AUTOMNE
AUTOMNE, 2° MOUVEMENT
ANALYSE
L'HIVER
HIVER, 1° MOUVEMENT ANALYSE
MAX RICHTER SHADOW 3
Shadow 3 fait partie des 5 “ombres” créées par Richter à la suite de Recomposed.
Ces pièces apportent un autre éclairage à Recomposed, comme des “souvenirs déformés”.
Elles sont présentes sur la réédition de l’album de 2014.
Richter les appelle des soundscapes, des paysages sonores.
Elles entrent dans la catégorie du remix.
Shadow 3 est “l’ombre” d’Autumn 2.
Plusieurs techniques sont utilisées :
- Utilisation de l’intégralité d’Autumn 2,
- Ajout de sons concrets (chants d’oiseaux, insectes, ruisseau),
- Ajout de sons électroniques (nappes synthétiques),
- Transformation électronique d’Autumn 2
(réverbération, filtre passe-bande,effet “téléphone”).
Musique dans un style ambient, caractère minimaliste, aérien, épuré.
Sous des aspects très simples, cette “recomposition de recomposition”,
ce paysage sonore, résume en réalité parfaitement le travail
et l’esthétique de Max Richter.
Max Richter, né en 22 mars 1966 à Hamelin en Allemagne, est un musicien
et compositeur germano-britannique de musique classique et électronique
contemporaine,rattaché au mouvement post-minimaliste,
qui vit actuellement à Berlin.
Max Richter a étudié la composition et le piano à l'université d'Édimbourg,
à la Royal Academy of Music et avec Luciano Berio à Florence.
Sa musique est à cette époque principalement influencée par celle de Xenakis.
Après ses études, Richter a cofondé l'ensemble Piano Circus en 1989
où il est resté pendant dix ans,interprétant entre autres des œuvres d'Arvo Pärt, Brian Eno, Philip Glass, Julia Wolfe et Steve Reich.
Durant cette période, l'ensemble a sorti cinq disques sur le label Decca.
Depuis 2004, Max Richter se produit régulièrement en concert et travaille
sur des musiques de films comme celle de Valse avec Bachir.
En octobre 2006, il sort son troisième album sur le label FatCat.
En 2008, il réalise la musique du ballet Infra de Wayne McGregor.
Son titre On the Nature of Daylight (sur l'album The Blue Notebooks)
est utilisé pour le film Shutter Island de Martin Scorsese, avec les paroles
et la voix de Dinah Washington.
En 2012, la Deutsche Grammophon lui permet de réaliser, pour une collection spéciale
« Recomposed Series », une réinterprétation des Quatre Saisons de Vivaldi
qu'il projette depuis environ 10 ans.